Eshkol Nevo – Neuland

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«À : Dori
De : Inbar
Sujet : Inquiète pour toi
J’ai obtenu ton adresse mail sur le site Internet de ton école.
Je sais bien que nous étions convenus de nous abstenir de correspondre,
mais je sais aussi que tu devais être mobilisé pour les
réserves militaires. Depuis, mon cœur a cessé de battre. Voilà,
je veux juste m’assurer que tout va bien pour toi.
Ensuite, je te promets de ne plus t’importuner.

À : Inbar
De : Dori
Sujet : RE : Inquiète pour toi
Salut,
Je vais bien. Désolé d’écorner l’image du héros, mais, en fin
de compte, ils ne m’ont pas mobilisé. J’ai rejoint mon unité le
lendemain de notre arrivée. Ils m’ont laissé poireauter toute une
journée à attendre l’officier de liaison qui devait décider de mon
affectation. Eh bien, rien n’a changé à la cantine miliaire. Le
distributeur de boissons est toujours déglingué.»

Partir un jour, sur un coup de tête et trouver dans l’expérience du voyage « une terre promise » – que ce soit un lieu ou une terre intérieure. Dans ce roman, au souffle romanesque puissant, Eskhol Nevo nous invite à cette traversée.

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Rachel Cusk – Disent-ils

 

« Avant le vol, je fus invitée à déjeuner dans un club londonien avec un milliardaire dont on m’avait promis qu’il était célèbre pour ses largesses. En chemise col ouvert, il évoqua le nouveau programme informatique qu’il développait et qui pouvait aider les entreprises à identifier par avance les employés les plus susceptibles de les voler ou de les trahir. Le milliardaire avait tenu à me raconter sa vie dans les grandes lignes, de ses débuts modestes à l’homme nanti et décontracté – manifestement- qui était assis en face de moi ce jour-là. »

 

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Faye se rend en Grèce pour animer un atelier d’écriture. Une semaine pendant laquelle, les paroles des personnes qu’elle rencontre lui parviennent comme en écho à ce qu’elle vit. Le roman est construit comme une agora, ce lieu où les voix se répondent et se rassemblent. Le portrait de la narratrice apparaît en creux.

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Karin Serres – Monde sans oiseaux

« Il paraît qu’autrefois certains animaux traversaient le ciel grâce à leurs ailes, de fins bras couverts de plumes qui battaient comme des éventails. Ils glissaient dans l’air, à plat ventre, sans tomber, et leurs cris étaient très variés. Ils étaient ovipares, comme les poissons ou les lézards, et les humains mangeaient leurs oeufs. On les appelait les « oiseaux ». Petite, j’ai demandé à ma mère de me raconter, mais elle a changé de sujet. Cette histoire d’ «oiseaux » est-elle vraie ? »

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Sur les bords d’un lac nordique, Petite boîte d’os, la fille du pasteur, grandit au rythme des saisons et des mutations du bétail. Le village a glissé sous les eaux, pendant le « Déluge ».

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Orhan Pamuk – Le musée de l’Innocence

 

« C’était le moment le plus heureux de ma vie, je ne le savais pas. Aurais-je pu préserver ce bonheur, les choses auraient-elles évolué autrement si je l’avais su ? Oui, si j’avais pu comprendre que je vivais là le moment le plus heureux de mon existence, jamais je n’aurais laissé échapper ce bonheur. Ce merveilleux moment en or qui me comblait d’une profonde félicité n’avait peut-être duré que quelques heures, quelques secondes, mais ce bonheur m’avait paru durer des heures, des années. »

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Dans cet instant partagé avec Füsun se cristallise la vie de Kemal, comme une tâche d’encre qui se dilate sur du papier buvard. Nous sommes en 1975 à Istanbul. Alors qu’il doit se fiancer avec Sibel, Kemal rencontre Füsun, une cousine pauvre avec laquelle sa famille n’a plus de relations.

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Karl Ove Knausgaard – La mort d’un père

« En d’autres termes, l’image que j’ai de mon père ce soir de 1976 est double : d’un côté je le vois comme je le voyais alors, avec mes yeux de huit ans, imprévisible et terrifiant, d’un autre côté je le vois comme quelqu’un de mon âge dont la vie subissait les rafales du temps qui passe, entraînant avec lui des pans de sens. »

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La mort d’un père est le premier tome d’une série de six livres que l’auteur a intitulé, My struggle, Mon combat. Knaussgaard fait de sa vie, un roman. Je viens d’en lire le premier tome et j’ai hâte de poursuivre la lecture. Mais voici.

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