» C’est étrange, d’écrire ces premiers mots, comme si je me penchais par-dessus le silence moisi d’un puits, et que je voyais mon visage apparaître à la surface de l’eau – tout petit et se présentant sous un angle si inhabituel que je suis surprise de constater qu’il s’agit de mon reflet.(…) A Noel prochain, tout ceci sera terminé, et ma sœur et moi aurons retrouvé les vies que nous sommes censées vivre. L’électricité sera rétablie, les téléphones fonctionneront. Des avions survoleront à nouveau notre clairière. En ville, il y aura à manger dans les magasins et de l’essence dans les stations-service. (…) Les banques et les écoles et les bibliothèques auront rouvert, et Eva et moi aurons quitté cette maison où nous vivons en ce moment comme des orphelines qui ont fait naufrage. »
Nell et Eva vivent dans la maison familiale à la lisière de la forêt. L’électricité, l’essence, les magasins d’alimentation, tout cela n’existe plus. Les gestes quotidiens, comme par exemple, écrire sur une page vierge pour griffonner quelque chose, ouvrir une boîte de conserve ou même allumer la lumière lorsque la nuit tombe appartiennent désormais à une époque révolue. Comment faire la différence entre le nécessaire du superflu, lorsqu’on a toujours vécu dans une société d’opulence ?