Hier, tout était Bleu. Mon chat était Bleu, l’herbe était Bleue, mon cœur était Bleu. Tant pis pour tous ceux qui font des têtes d’enterrement, on n’a pas si souvent l’occasion de se réjouir devant un écran de télévision. On s’est réveillé avec la gueule de bois d’avoir tellement fêté ça.
Et pourquoi donc ? Pourquoi toute cette liesse, ce soudain besoin d’être ensemble, de sauter de joie, de s’aimer tous alors qu’on a si souvent l’impression que tout le monde se tire dans les pattes ?
C’est mystérieux. Tout en compatissant pour les rouges et les blancs, je ne vibrais que pour les Bleus, à cause de leurs sourires et parce qu’à force, ils étaient devenus nos copains. On savait tout sur eux et grâce à mes fils, les commentaires, je les avais en stéréo.
J’ai aimé aussi les Pussy Riots, Car il fallait bien qu’il se passe quelque chose pour nous rappeler les réalités, même si on a l’air de tout oublier quand on regarde MBappé frapper dans la balle. Et même si personne n’en a parlé pour ne pas gâcher la fête.
Et pendant que je me réjouissais en regardant le bus Bleu se diriger vers Paris, place de l’Étoile où il faisait si beau, j’avais des souvenirs Bleus.
Bleu comme Véronique Sanson aux Francofolies de La Rochelle, mercredi soir. La scène était baignée d’azur quand elle s’est mise au piano pour chanter Vancouver.

Bleu comme le magnifique livre Blue Mythologies de Carol Mavor, une couleur écrit-elle, pleine de paradoxes, de légendes, de croyances. Par quelque heureux hasard, j’ai retrouvé ce livre acheté à Londres une semaine de février froide et pluvieuse. Sa jolie couverture m’avait attiré l’œil. Il paraît que les astronautes s’entraînent pour ne pas devenir fous lorsqu’ils voient la Terre au loin sous leurs yeux, ronde et Bleue et toute petite.
C’est comme ça, il y a toujours une question de distance, d’angle de vue, de perception.Tout ce qui est Bleu nous semble toujours tellement pur, un brin cucul ou politiquement correct ; mais Bleu peut aussi être vénéneux. Pas comme ce champignon sauvage, qui contre toute attente, est délicieux.

Alors je me suis laissée aller à regarder les images des Bleus dans leur bain de foule en liesse, leurs yeux embués de fumigènes tricolores. J’avais bien l’impression qu’on était tous un peu dingues et je me demande ce qu’il restera de ces moments passionnés, de cette fraternité.
Alors j’attends, avec la même ferveur, le coup d’envoi des BleuEs en 2019.