Faut-il que je me penche sur les trous dans ce journal, les affreux trous dans mon écriture du Diary qui sont le signe que la vie bat son plein et qu’elle parvient subrepticement, comme le lierre, à étouffer l’écriture, cette chose si vivante au fond, mais qui demande justement, à la vie de se taire, de se coucher comme un chien aux pieds de son maître. Le lierre dont les racines grimpent autour de la plante qui cherche à donner fleur. Or, de fleur, en ce moment, il n’y en a pas. Mon roman, Les Aoûtiens sont frigorifiés, ils attendent sur leur île, le bateau qui les mènera au continent. Je les vois d’ici, debouts sur le quai du port, seuls sous le vent qui les penche.

Donc que dire pour combler les trous, les vides de mots que la vie a rempli de son flot d’actions : rangements, travaux, peintures, poussières, courses de Noël, cuisine, voyage en voiture, ballades nostalgiques dans le Vercors, heureuses retrouvailles en famille, bavardages, disputes et discussions.
En attendant,
l’écriture est au point presque mort. J’ai des idées.
Une nouvelle sur une femme qui devient plante. Elle a déménagé dans une maison de famille et se pique un jour le genou avec un Cactus qui a été entré pour l’hiver dans une arrière-cuisine pleine de cartons et de choses en vrac qui attendent d’être rangés. Elle prend soin d’ôter les épines, se désinfecte le genou. Mais le jour d’après, elle s’aperçoit que son genou est gonflé, il bourgeonne. Mais poursuit sa vie, elle doit vider les placards pleins d’affaires qui ne lui appartiennent pas et tente de raccrocher des tableaux d’ancêtres. Elle essuie les coup de fils des frères et sœurs, famille proche ou éloignée qui veulent savoir où en sont les travaux, ce qu’elle a fait de tel ou tel objet, etc… Elle jardine et tente de déraciner le lierre qui étouffe toutes les nouvelles plantations qu’elle a tenté de faire. On dirait que la terre se rebiffe. La nuit, elle rêve que le lierre grimpe le long de ses jambes, la caresse, l’enserre et elle se réveille en sursaut. Le lendemain, son genou a doublé de volume, des bourgeons pelucheux, recouverts d’épines douces le recouvrent.
Va-t-elle devenir Cactus ? Est-elle en train de muter ? Le médecin parle d’une sorte de maladie auto-immune qui se serait déclenchée sans aucun rapport avec l’histoire du Cactus. Une réaction de défense. Je ne suis pas sûre d’aller au bout de l’écriture de ce récit qui frôle le fantastique
quoique
Life goes on : Dès que je suis entrée dans ton texte, la vie, effectivement, est repartie ! J’avais le cerveau bloqué, l’esprit tout chiffonné, le cœur rabougri … et tout à coup, j’ai senti que je m’envolais, la poésie reprenait ses droits !
Merci. Le genou … figure-toi que j’ai une fissure à un genou. Ton récit fantastique m’inspire : j’imagine une crevasse qui va au centre de la Terre …
Quoique : on attend la suite. mcw
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