Les oiseaux se sont réunis dans les arbres touffus, ils font un bruit de volière. Leurs pépiements s’embrasent. Il y a comme une excitation, une attente légère dans l’atmosphère de ce matin d’automne. Par volée de cinq ou dix, ils survolent la maison dans un froissement d’ailes l’air claque au-dessus de moi. Je me suis installée dehors pour relire un manuscrit. A chaque fois qu’ils passent, je lève la tête pour les regarder partir, chaque oiseau à sa place dans l’escadrille. J’écoute les hérons, les mouettes et les passereaux s’invectiver dans une langue inconnue.
Cela m’a fait pensé à La chambre aux échos de Richard Powers, un roman envoûtant rythmé par l’obsédant refrain des oiseaux migrateurs.
A la fin de l’hiver, ils convergent ici, comme de toute éternité, et tapissent la plaine humide. Dans cette lumière, quelque chose de saurien persiste en eux : les plus vieux volatiles de la terre, à un saut de puce du ptérodactyle. Alors que l’obscurité tombe enfin, le monde rejoint ses commencements, ce crépuscule vieux de soixante millions d’années qui vit débuter cette migration.(…)Quelque chose en ces oiseaux retrouve l’itinéraire tracé des siècles avant que leurs parents le leur montrent. Et chacun se rappelle le trajet à venir.
L’estuaire de la Charente se situe sur l’un des axes migratoires les plus importants au monde. Des millions d’oiseaux viennent nicher ici, entre les marais et l’océan. Aux premières gelées, ils partiront à leur tour vers l’Afrique et retrouveront le lieu qu’ils gardent, enkysté dans leur mémoire d’oiseau. Passereaux, grues cendrées, fous de Bassan, bernaches, fulmars boréals…
Mais je reviens au manuscrit que je suis en train de lire, à la forme des phrases. Les mots aussi cherchent leur place dans l’escadrille. Dans Bird by bird, un essai sur l’écriture et la vie, Anne Lamott écrit :
« Il y a trente ans, mon frère aîné, qui avait dix ans à l’époque, devait écrire un essai sur les oiseaux. L’essai était à rendre le lendemain. Nous étions dans notre chalet à Bolinas, et il était assis à la table de la cuisine, presqu’en larmes, entouré de dossiers, de stylos et de livres sur les oiseaux qu’il n’avait pas encore ouverts, paralysé par l’immensité de la tâche qui l’attendait. Alors mon père s’est assis à côté de lui, il a passé son bras autour de l’épaule de mon frère, et il a dit,« Un oiseau après l’autre, mon garçon. Prends-le tout simplement un oiseau après l’autre. »
Bird by bird, Budy
Les oiseaux se font rares vers nos sommets. Ils délaissent les Alpes . On en voit moins . Ont – ils trop froid ? sont- ils éblouis par la neige ?
Ils préfèrent longer la côte , se laisser porter par les courants marins.
Trouver leur pitance d’un coup de bec dans l’eau.
Ils reviendront au printemps, annoncer le renouveau, et nous enchanter de leur
chant qui pétille .
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soudain on lève le nez, notre regard se perd… et on se retrouve! merci
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